L'OMS appelle à la prudence alors que les pays africains assouplissent les mesures de confinement
Brazzaville - Trois mois après la détection du premier cas de COVID-19 en Afrique subsaharienne, la Région a fait des progrès dans la lutte contre le virus. De nombreux pays ont rapidement mis en place des mesures de confinement et de santé publique clés qui semblent avoir contribué à ralentir la propagation de la maladie. Toutefois, il est à craindre que si ces mesures sont assouplies trop rapidement, les cas de COVID-19 pourraient commencer à augmenter rapidement.
Treize pays d'Afrique subsaharienne ont mis en place des mesures de confinement ainsi que d'autres mesures de santé publique et sociales à l'échelle nationale, tandis que dix autres ont instauré des confinements partiels dans les zones à risque. Une analyse préliminaire de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a révélé que le temps de doublement – c’est-à-dire le nombre de jours pour que le nombre de cas double dans un pays donné - a augmenté pendant la période de confinement dans la plupart des pays de la Région (de 5 jours à 41 en Côte d'Ivoire, de 3 jours à 14 en Afrique du Sud). Les Seychelles ont commencé à mettre en œuvre des mesures sanitaires et sociales avant la notification de leurs premiers cas confirmés et 7 semaines se sont écoulées depuis le dernier cas signalé.
« Trois mois après la notification du premier cas de COVID-19 en Afrique subsaharienne, il semble que les mesures rapides prises par les dirigeants et les communautés africaines aient ralenti la propagation du virus », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique. « Ces actions ont eu un coût social et économique élevé, en particulier pour les plus vulnérables, et il y a une volonté compréhensible de lever les mesures aussi rapidement qu'elles ont été mises en place. Toutefois, l'OMS exhorte les pays à suivre une approche progressive ».
Actuellement, un certain nombre de pays ont commencé à assouplir leurs mesures de confinement et, selon les premières analyses de l'OMS, l'impact sur le doublement du temps de confinement semble varier en fonction du moment et de la durée des mesures prises. Par exemple, le Burkina Faso a instauré un confinement partiel 18 jours après la notification de son premier cas confirmé et a enregistré une augmentation de 253 cas pendant la période de confinement. Les mesures de confinement ont été mises en œuvre pendant 38 jours et ont permis une réduction significative du nombre de nouveaux cas quotidiens.
L'Afrique du Sud, qui, à la suite d'un programme d'essais rigoureux, a signalé un nombre particulièrement élevé de cas de COVID-19, a vu son délai de doublement rester stable à environ deux semaines depuis que les mesures de confinement ont commencé à être assouplies.
« Nous devons tous rester vigilants. Au moment où de plus en plus de pays commencent à assouplir les mesures de confinement, il est essentiel que des systèmes de dépistage et de surveillance efficaces soient mis en place pour détecter toute augmentation du nombre de cas », a déclaré Dr Moeti. « Mettre fin à un confinement n'est pas un événement, mais un processus, et il est important d'avoir une vision claire du contexte local afin de pouvoir prendre des décisions éclairées sur la manière d'assouplir ces mesures ».
L'OMS a publié des lignes directrices provisoires à l'intention des États membres, qui encouragent un ajustement progressif des mesures sanitaires et sociales, tout en évaluant constamment les risques. Débutant par la réouverture des aéroports internationaux, avec une quarantaine obligatoire de 14 jours pour tous les voyageurs, les lignes directrices présentent une série de mesures que les pays doivent prendre pour retrouver une certaine normalité. À mesure que les pays s'ouvriront, une bonne hygiène des mains, l'étiquette respiratoire en cas de toux et d'éternuement, la distanciation physique et le port de masques seront la nouvelle norme. Ces mesures devront être constamment adaptées en fonction des tendances des données et maintenues jusqu'à ce que la pandémie soit contenue ou qu'il existe un vaccin ou un traitement contre le COVID-19 accessible à tous.
Au fur et à mesure que les pays assoupliront les restrictions, les autorités sanitaires devront assurer la continuité des services de soins de santé essentiels tout en reprenant l'ensemble des services de santé de routine. Ce défi sera aggravé par les goulots d'étranglement dans l'approvisionnement mondial, les pénuries et la nécessité de réaffecter le personnel à la lutte contre le COVID-19.
« L'heure est plus que jamais à la solidarité internationale », a déclaré Dr Moeti. « Il y a une grave pénurie de tests de COVID-19, d'équipements de protection individuelle et d'autres fournitures médicales en Afrique. Nous espérons qu'avec la levée des restrictions à la circulation, ces biens commenceront à être rendus disponibles dans les endroits et pour les personnes qui en ont le plus besoin ».
Au cours des trois derniers mois, l'OMS a soutenu la livraison de près de deux millions de pièces d'équipement de protection individuelle pour les professionnels de la santé, y compris des masques chirurgicaux, ainsi que plus de 100 000 kits de dépistage. L'Organisation travaille avec ses partenaires pour accélérer la livraison de fournitures essentielles au cours des prochains mois.
Depuis le début de la pandémie, l'OMS a élaboré des plans d'intervention nationaux visant à mobiliser plus de 300 millions de dollars US pour des interventions de santé publique. Plus de 900 membres du personnel de l'OMS ont été réaffectés pour soutenir la réponse dans la Région, et l'OMS a formé plus de 10 000 agents de santé africains sur diverses thématiques liées au COVID-19, telles que la prévention et le contrôle des infections, le traitement, la logistique, les tests de laboratoire et la communication des risques.
L'OMS travaille avec de nombreux partenaires pour répondre au COVID-19. En collaboration avec le Forum économique mondial, l'Organisation a tenu aujourd'hui une conférence de presse virtuelle à laquelle ont participé Dr Moeti, l'honorable Dr Kailesh Kumar Singh Jagutpal, ministre de la Santé et du Bien-être de Maurice, l'honorable Dr Zwelini Mkhize, ministre de la Santé de l'Afrique du Sud et l'honorable Dr Jane Aceng, ministre de la Santé de l’Ouganda.
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